Me foutre sur la gueule avec l'un des G-boys, non, je n'avais rien trouvé de mieux à faire en ce jour. A vrai dire, il m'avait cherché, provoqué et je réagis facilement et rapidement lorsque l'on s'attaque à des choses que j'aime particulièrement ; à l'instar de ma guitare par exemple. Je crois que cette dernière m'a causé tellement d'ennuis, mais tant de plaisir, que je ne peux que continuer à la "défendre", si l'on peut dire cela ainsi. Elle est précieuse pour moi, et quiconque ose y toucher, ou juste s'y approcher d'un peu trop près, ça part, direct. Je ne suis pas méchant, bien au contraire je dirais, mais il faut toutefois y aller mollement. Je ne suis pas un ourson en peluche tout doux et tout moelleux ; je sais me battre quand c'est nécessaire.
Pour en revenir à cette histoire, ce G-boy m'avait pesé sur le système nerveux. Critiquer mon instrument, critiquer ce que je jouais, critiquer ce que je chantais ; ça faisait beaucoup. Ma réaction n'était pas partie d'un coup, j'avais rangé doucement ma guitare dans sa housse, supportant encore les cris de singe de mon soi-disant interlocuteur puis je m'étais retourné et je l'avais cogné en plein visage. Dans le nez, il avait eu mal, si je me souviens bien.
En attendant, il avait rapidement répliqué et nous nous battîmes sans retenues durant une bonne dizaine de minutes, jusqu'à ce qu'il fût à terre, sa sa gueule drôlement défigurée. La mienne ne semblait pas non plus magnifique à regarder, mais sans doute davantage que la sienne.
Suite à cela, je pense qu'il avait compris qu'il ne devrait plus venir me chercher trop d'ennuis, j'étais retourné à mon petit studio, poser ma guitare et direction l'hôpital. Je ne suis pas doué en ce qui concerne les bandages ou même juste quelques médicaments, je préfère prendre conseil et me faire soigner par un professionnel ; de toutes façons, les frais sont pris en charge mon assurance... Excepté si j'ai oublié de la payer celle-là.
Je soupirai, trainant ma carcasse, les mains dans les poches, jusqu'au fameux hôpital. Lorsque j'y pénétrai, des personnes me regardaient d'une drôle de manière, interloquée sûrement. J'avais envie de leur cracher dessus en leur hurlant qu'ils voulaient ma photo ou quoi ? Ils n'avaient donc jamais vu quelqu'un se battre, ou même ne s'étaient-ils jamais battu eux-même ? Apparemment pas, mais je n'étais pas une bête de foire. Et étant donné que mes nerfs cognaient toujours activement dans mon corps, il ne valait mieux pas me fixer de cette façon.
Lorsque je fus finalement rendu à l'accueil, la réceptionniste eut un mouvement de recul. A cet instant, je me demandais si j'étais si horrible que ça à regarder. Par précaution, je mis la capuche de ma veste et baissai un peu le visage. Elle me dit qu'une infirmière arrivait me prendre en charge et effectivement, cette dernière débarqua peu de temps après en me demandant de la suivre dans les longs couloirs.
Errant dans ceux-ci, je vis des... patients relativement touchés et j'en déglutis de travers. Je fus heureux de ne pas être comme eux ; dans des fauteuils roulants, se déplaçant avec difficulté, assisté par trois personnes de chaque côté, le regard perdu dans le vide, comme si plus rien ne vivait en nous. Cette vision me terrifie, je l'avoue, les hôpitaux, je n'ai rien contre, mais plus je peux les éviter, plus je les évite.
Nous entrâmes finalement dans une chambre où l'infirmière me désigna un lit sur lequel je pus m'asseoir. Elle me demanda de patienter un instant, le temps qu'elle prît de quoi de me désinfecter et me faire un joli bandage. Curieusement, un miroir trainé sur la table de chevet voisine à mon lit. Je le saisis et sifflai en voyant mon reflet. Dégâts : lèvre inférieure en sang, l'arcade gauche semblait ouverte, des griffures sur un peu tout le visage et une plus grande sur ma joue droite. J'y posai un doigt, le ressortant vite en grimaçant. L'autre fou n'y avait pas été de main morte, mais à véritable parler, je préférais être dans ma situation que dans la sienne, je l'avais bien plus amoché.
La femme revint avec de quoi me soigner et je fis à nouveau de drôles de tête. Son produit, il piquait... J'eus droit à plusieurs pansements et à deux points sur ma joue endolorie. Certains diront, tout ça pour une guitare, moi je répondrais, tout ça pour ma guitare. Car elle est ma vie, elle est la seule constamment présente à mes côtés, je peux tout lui dire et tout dévoiler à travers elle. Elle m'habite et me hante.
Lorsque l'infirmière me quitta en me disant de rester un peu me reposer ici et qu'elle reviendrait me voir plus tard pour remplir divers papiers, j'entendis une voix qui ne me laissa pas indifférent.
« Toi et ta sale gueule que j'ai pas envie de supporter, vous sortez de là ! J'étais là en premier, raclure. »Un sourire en coin se dessina sur mon visage, moqueur. Je le connaissais l'être étendu dans le lit d'à côté. Nous avons une petite histoire en commun tous les deux... Une fois supplémentaire au sujet de mon instrument, nous avions passé la nuit au commissariat. Malentendu, certes, car ce n'était pas lui le coupable, mais il n'avait pas levé le petit doigt pour m'aider. Enflure, va.
Je le laissai monologuer, m'allongeant simplement sur mon matelas. Il allait attendre un peu avant que je réponde à ses provocations. Un parasite ? Je lui renvoyais ce chaleureux compliment.
« C'est toi qui dit ça ? lançai-je, t'as vu mon visage ? Cela qui m'a provoqué il est dans un moins bon état, alors fais gaffe à ce que tu racontes, vipère. »
Oui, ce type est comme cet animal, il a des paroles déplaisantes et même son visage ne revient pas. Il a la langue bien perchée également, il ne lâche pas une affaire en un claquement de doigt. Ce court séjour à l'hôpital, je sentais que quelque chose allait se passer. Bonne ou mauvaise, je l'ignorais toutefois.
« Alors, trop camé Ihn Hyuk ? » ris-je en croisant les bras derrière ma tête afin de m'en faire un coussin plus haut que celui déjà présent.